Génalogie de la famille de Labat de Vivens



[Pour la terre de Vivens, voir ici.]

Cette famille, originaire de Clairac en Agenais, a été l'objet d'un article du généalogiste Chérin conservé à la BN (Manuscrits - 114), établi d'après le livre de raison tenu par les Labat, sieurs de Vivens . Certains de ses membres émigrèrent en Angleterre et en Irlande après la révocation de l'Édit de Nantes et y firent souche. Un de leurs descendants, Edmond Labat de Lambert (1814-1885), revint en France en 1860 et décéda à Paris, paroissien de l'Église de l'Étoile.

Dans son livre Le chevalier de Vivens, Jean HAECHLER nous indique que : « la généalogie de Vivens fut en partie établie par Robert-Jonathan Labat de Vivens avant d'acheter sous la Restauration un titre de marquis qui lui coûta 100.000 francs. Elle fait apparaitre un Noble Janot Labat de Biben auteur d'une branche cadette, testant en 1517. Mais dans tous les actes notariés qui suivent, les noms des six ascendants du chevalier et le sien ne sont jamais précédés des épithètes habituelles de "noble" ou de "haut et puissant seigneur". Cependant le frère de son arrière-grand-père, Jean-François Labat de Vivens, chevalier de Malte, qui fut gouverneur de Clairac en 1650 était noble. En réalité nous devons être en présence d'une noblesse dormante et incertaine, non revendiquée, réactivée sans doute par le père de François, une noblesse de petit robin justifiant le titre qu'il porte de chevalier (…) Ce ne peut guère être un titre qu'il se soit attribué, comme tant d'autres s'en sont auto-adoubés en ce XVIIIe siècle, en raison des relations qui sont les siennes : la duchesse d'Aiguillon, le duc de Richelieu, c'est-à-dire la plus haute noblesse du royaume, n'auraient pas accepté sa compagnie si sa noblesse avait été douteuse. »

Nous reprenons ici la généalogie publiée par Jean Labat de Lambert dans les Cahiers Société de l'Histoire du Protestantisme Français, 2e trimestre 1993.



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Blason de la famille Labat de Vivens



I. Le premier connu des Labat est noble Janot LABAT de RIBEN qui habitait Clairac où il testa le 20 février 1517. Il avait épousé Eléonore de Maray d'où :
  1. Arnaud, qui suit ;
  2. Jehan-Arnaud ;
  3. Pétronille mariée à Paul LAROCHE de MONCLA.

II. Noble Arnaud de LABAT, institué héritier universel par son père en 1517. De sa femme dont on ignore le nom, il eut :
  1. Bernard de LABAT, écuyer, qui suit ;
  2. Arnaud de LABAT, écuyer, auteur d'un livre de raison.

III. Bernard de LABAT et Catherine d'Espaignole, son épouse, vivaient en 1580 ; ils eurent pour enfants :
  1. Arnaud LABAT de VIVENS, qui suit ;
  2. Jean LABAT de VIVENS dont le fils Jean LABAT de VIVENS épousa le 24 mars 1654 sa cousine Esther (puis Elisabeth, prénom catholique) Desclaux, d'où :
    1. Jean-François, chevalier de Vivens, commandeur de l'ordre de Malte, capitaine d'une compagnie de chevau-léger au régiment de Créquy, nommé gouverneur de Clairac et du duché d'Aiguillon en 1652 ;
    2. Elisabeth mariée le 10 mars 1654 à son cousin Jean LABAT de VIVENS (voir IV)
    3. Bernard, sieur de Vivens, qui fut témoin au mariage de sa sour Elisabeth en 1654 ;
    4. Pierre, écuyer, parrain le 21/06/1599 de son neveu Pierre.

IV. Arnaud de LABAT de VIVENS, écuyer, né en 1560 à Clairac, marié selon le rite réformé en 1ères noces le 25 janvier 1563 avec Judith Meynié et en secondes noces le 16 septembre 1588 avec Marie Pomiès. De second mariage sont nés :
  1. André, qui suit ;
  2. Elisabeth (1591-1594) ;
  3. Jean [1] né en 1594 ;
  4. Jehan (1596-1619) ;
  5. Pierre, auteur de la branche de Pleinéville, établie en Bretagne ;
  6. Marthe, née en 1602.

V. André de LABAT de VIVENS, écuyer, est né le 10 août 1589 à Clairac et fut baptisé le 15 suivant par le ministre Moïse Rcontier. Dans son testament passé devant Me Seguin le 4 janvier 1659, il institue héritier universel son fils aîné Jean, lègue Caussinat à son fils puîné Bernard et déclare vouloir être inhumé dans l'hôpital de Clairac au tombeau de ses prédécesseurs en la forme et la manière de ceux de la religion réformée. Il décède peu après laissant d'Anne de Massac, son épouse (contrat du 14 avril 1620, mariage protestant le 3 juin 1620) :
  1. Arnaud, né le 4 mars 1621, décédé avant le testament de son père en 1659 ;
  2. Jean, qui suit
  3. Pierre, tué à l'assaut de la Mothe en 1645 ;
  4. Bernard, héritier de Caussinat.

VI. Jean de LABAT de VIVENS est né le 6 mars 1631. Avocat à la cour du parlement de Bordeaux, il se convertit à la religion catholique un mois avant sa mort survenue le 28 décembre 1685. Il abjura sa religion uniquement dans le but de se débarrasser d'une compagnie de dragons qui occupaient sa demeure de Vivens et la pillaient avec enthousiasme. Le 31 du même mois, le juge se transporta au lieu de son décès pour faire l'inventaire de ses effets. Demoiselle Izabeau, sa veuve, déclara que son mari était mort de mort subite à environ 9 ou 10 heures du soir dans la nuit allant du jeudi au vendredi, après avoir soupé, ayant fait son testament à douze heures sans avoir pu faire aucune diligence pour recevoir les sacrements de l'Église Catholique Apostolique et Romaine qu'il avait embrassée quelques jours auparavant. Elle déclare en outre que le peu qui avait été inventorié avait été pillé et emporté par les gens de guerre qui avaient été logés dans la maison à deux diverses fois pendant six semaines et même son capitaine de dragons avec sa compagnie qui n'avait délogé que depuis la conversion dudit feu sieur son mari et d'elle, lequel capitaine, bien qu'il eût été payé de tout ce qu'il avait exigé avait emporté lits, linge et vaisselle et autres choses de conséquence et avait enlevé jusqu'aux serrures sans avoir voulu rendre lors de son départ. Il avait épousé par contrat signé "au lieu de Vivens, manoir des hoirs nobles de Labat, par devant Seguin, notaire audit lieu" sa cousine Isabeau Labat de Vivens, fille de Jean et Elisabeth Desclaux (voir III.2), d'où :
  1. André, qui continua la postérité en France, qui suit :
  2. François, réfugié en Hollande puis en Angleterre, officier au régiment de Gallway. Peut-être fut il secrétaire du Roi avant de quitter le royaume comme le prétend M. de Lafforre dans la Chronique des églises réformées de l'Agenais. Il épousa à Londres Judith Lambert dont il eut 2 fils : Jean et Pierre. Un descendant, Edmond, rentra en France après avoir vécu à Vienne et ses enfants sont (re)devenus français. Ils prirent le nom LABAT de LAMBERT [2] ;
  3. Anne qui quitta la France avec sa mère et son frère François ;
  4. Pierre, réfugié pour cause de religion en Angleterre où il était capitaine au régiment de Gallway ;
  5. Bernard, qui épousa Elisabeth de Maleprade, dont André, né à Clairac en 1668, réfugié en Irlande où il meurt à Kilkenny en 1736 ayant été capitaine au régiment de la Melonnière établi à Port-Arlington.

VII. André LABAT de VIVENS est né vers 1656 à Clairac et est décédé en 1699. Il était avocat au parlement de Bordeaux. Resté en France, il réclama les biens de sa mère qui avait quitté le royaume avec François et Anne. De son mariage le 25 juin 1684 à Clairac avec Judith de Beaupuy sont issus :
  1. Suzanne
  2. Marie ;
  3. André, marié avec Marie-Judith de Maleprade dont il eut 4 filles :

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    Mariage Labat-Maleprade le 21 octobre 1721 (Registre de Clairac 1715-1730 vue 139/320)
    -cliquer sur la miniature pour agrandir-

    1. Marie Judith André, née le 4 juillet 1722 ;
    2. Marie-Adrienne, épouse le 6 août 1748 (contrat du 5 août) de Jean de PREISSAC de MARAVAT (d'où les Marut de l'Ombre et Perrodon) ;

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      Mariage Labat-Preissac le 6 août 1748 (Registre de Clairac 1747-1749 vue 36/46)
      -cliquer sur les miniatures pour agrandir-

    3. Suzanne, épouse en 1745 de Jean-Salomon de MALEPRADE (1713-1758) d'où les barons de Maleprade ;

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      Mariage Labat-Maleprade le 4 octobre 1745 (Registre de Clairac 1741-1746 vue 121/159)
      -cliquer sur la miniature pour agrandir-

    4. Françoise-Marie, née posthume le 24 janvier 1726, épouse le 12 mars 1761 à Bordeaux de François-Monathan de VIÇOSE, baron de Lacourt ;

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      "Madame Françoise Labat de Vivens", huile sur toile du XVIIIe siècle
      (sans doute Mme de Viçose, baronne de Lacourt)

  4. Jacques, né le 18 décembre 1694 à Clairac, n'a vécu que quelques mois ;
  5. François, dit le chevalier de Vivens (1697-1780), membre de l'Académie de Bordeaux, ami de Montesquieu et de Romas, il a publié divers études sur la physique, l'agriculture et la littérature. Cousin de Jeanne de Lartigue mariée à Charles de Secondat baron de Montesquieu. Comme Montaigne deux siècles plus tôt, connu pour son esprit, il a fréquenté Paris, il a parcouru l'Europe. Il a été en Angleterre avec Montesquieu pour retirer une part d'héritage. Il vit au château de Barry (Clairac) après son mariage. Il se bat pour le rétablissement de la culture du tabac en France après son interdiction en 1720. Son aïeul avait déjà expérimenté à Clairac les premières plantations de nicotiane (tabac) en Guyenne un siècle plus tôt. Il introduit la culture du mûrier et l'élevage du ver à soie durant une dizaine d'années. Il note de 1739 à 1778 toutes observations météo, aurores boréales, halo et tremblements de terre. Quelqu'un demanda son utilité ? "Tout peut avoir son usage, tout a son prix pour le génie étendu, tout trouvera son rang dans l'histoire de la nature." En 1749 il publie un essai "les principes de physique". Il est élu à l'Académie Royale des Sciences de Bordeaux en 1742. Il publie "le rêve d'un homme de bien" Bordeaux 1740 Il acheta le vignoble de Barry-Sidroy et Pitouret (59 cartonnats payés 12000 livres à M. de Salomon de Lile [3] ). En 1752, avec Romas et Montesquieu il installe le premier paratonnerre au-dessus du toit du château de Vivens. De son mariage avec Marie de Massac (1704-1782) sont nés :
    1. Bernard-André (1731-1779), lieutenant au régiment de Brie Infanterie, marié le 15 mai 1766 à Bordeaux à Grace Ainslie d'où 5 enfants qui continuent la filiation ;
    2. Marie-Judith-Elisabeth, née le 2 août 1732, sans alliance ;
    3. Jean-Bernard né le 7 septembre 1737, décédé dans alliance à 26 ans, lieutenant au régiment de Brie Infanterie.



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"Montesquieu avec le cénacle scientifique au château de Clairac" (Barry).
Avec lui (assis en noir) sont représentés son fils Jean-Baptiste de Secondat (assis à côté de son père),
le Chevalier de Vivens (au centre en rouge), Jacques Romas et les frères Dutilh (assis à droite).


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Le "château" du Barry fut construit par le chevalier de Vivens.
C'est là que se réunissait, à partir de 1750, le "cénacle de Clairac"