Contrat de mariage Salomon-Biaudos de Castéja

8 octobre 1696

 

Première page du contrat du 8 octobre 1696

Archives Nationales, minutier central cote ET/LXV/0139

 


 « Furent présents Messire Jacques Salomon de Poulart, seigneur de Poulart, gentilhomme de S.A.S Monseigneur le Duc du Mayne, commandant son équipage de chasse, fils de feu  Messire Pierre Salomon de Poulart, seigneur dudit lieu, et de dame Marie de Martin son épouse de laquelle il a dit avoir le consentement d’une part,

et damoiselle Jeanne Françoise de Biaudos Castéja, fille de Messire Fiacre de Biaudos Castéja, major de Furnes, et de dame Jeanne Françoise de Guillerme, son épouse, assistée et autorisée de très haute et puissante Dame Dame Françoise d’Aubigné, dame de Maintenon, à ce présente au nom et comme procuratrice à l’effet des présentes desdits Seigneur et Dame de Castéja, par acte fait des bourgmaistre et échevins dudit Furnes le deux du présent mois signée Heraud Estebeder, greffier ? d’autre part,

lesquelles parties en la présence et par la permission de Très haut, Très puissant, Très auguste, Très magnanime et invincible Monarque Louis par la grâce de Dieu Roy de France et de Navarre, très haut, très puissant, très illustre et excellent prince Louis Dauphin[1], fils unique du Roy, très haut, très puissant et illustre prince Monseigneur Louis Auguste de Bourbon[2] par la grâce de Dieu prince souverain des Dombes et duc du Mayne, très haute, très puissante et illustre princesse Louise Bénédicte de Bourbon épouse de Monseigneur Duc du Mayne, très haute très puissant et illustre prince Louis Alexandre de Bourbon[3], comte de Toulouse,


 

Verso de la première page du contrat
contenant la liste des témoins (texte ci-dessous)

 

 « Et aussi en la présence de haut et puissant seigneur Messire Henry de Mornay[4], chevalier, marquis de Montchevreuil, gouverneur du château de Saint-Germain-en-Laye, premier gentilhomme de Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc du Mayne, Françoise de Sainte Hermine, comtesse de Mailly, dame d’atour de S.A.R Madame la duchesse de Chartres, dame Françoise d’Aubigné[5] ? de Madame dame de Maintenon, Dame [Bonne] de Mornay, épouse de Messire de Manneville, gouverneur de Dieppe, dame d’honneur de S.A.R Madame la Duchesse du Mayne, Messire Marquis d’O, gouverneur de S.A.S. Monseigneur de Duc de Toulouse, Messire Nicolas de Malezieux, chancelier des Dombes, Messire Nicolas de Malezieux, abbé comandataire de Moreilles,  Messires Jacques du Pin, seigneur de Bessac, enseigne des gardes de S.A.S. Monseigneur de Duc du Maine, De Vernouillet, écuyer, de Monseigneur Chol de Torpanne, ??, Sachier du T., écuyer de Madame la duchesse du Mayne, Desplassons, écuyer de S.A.S Monseigneur le comte de Toulouse, Audigné, ? des carabiniers, Caramon, enseigne des gardes de S.A.S. Monseigneur le duc du Mayne, Laporte, écuyer de Madame la duchesse du Mayne, …

 

« Ont reconnu et contesté  avoir fait et accordé ensemble le traité de mariage promis aux conditions qui en suivent, A ssavoir que lesdits sieur Jacques Salomon de Poulart et damoiselle Jeanne Françoise de Biaudos Castéja, ont promis se prendre l’un l’autre par nom et loy de mariage et icelui être solennisé en face de notre mère Ste Eglise Catholique Apostolique et Romaine au plus tôt.

Pour icelui, comme en effet, seront les dits sieur et damoiselle futurs époux uns et communs en tous biens meubles et conquêts immeubles suivant et au désir de la Coutume de Paris.

« Ne seront tenus des dettes et hypothèques l’un de l’autre faites avant le dit mariage, ou, s’il y a, elles seront payées et acquittées par celui qui les aura faites et sur ses biens.

« La dot de la future épouse consiste en la somme de quarante mil livres qu’elle a fournie et mise entre les mains dudit futur époux en louis d’argent dont il s’est tenu pour contant, procédante du don et gratification qu’il a plu à Sa Majesté d’en faire à ladite future épouse en faveur dudit mariage, et laquelle somme de quarante mil livres sera incessamment employée en acquisition de rente sur les aydes et gabelles crée à raison du denier quatorze payables en l’hôtel de ville de Paris, aux déclarations dans le contrat d’acquisition que les deniers proviendront de la dot de la dite damoiselle future épouse  pour plus de sureté de ladite dot.

« De laquelle somme de quarante mil livres, celle de dix mil livres entrera dans ladite communauté et les autres trente mil livres seront et demeureront propres à la dite damoiselle future épouse et aux siens de son côté et ligne [lignée] avec tout ce qui lui adviendra et échera par succession, donation ou autrement.

Ledit sieur futur époux a doüié ladite demoiselle future épouse de mil livres de rente annuelle en viager au cas qu’il n’y ait point d’enfants dudit mariage, et s’il y en a ledit douaire sera de sept cents cinquante livres aussi de rente annuelle en viager … ou prendre sur tous les biens présents et à venir dudit sieur futur époux.

« Le survivant desdits sieur et damoiselle futurs époux prendra pour préciput des biens meubles de la communauté tels qu’il voudra choisir, suivant la prisée de l’inventaire qui sera fait, jusqu’à la somme de six mil livres, ou ladite somme en deniers, au choix dudit survivant.

« S’il est vendu ou racheté aucun héritage ou rente propre à l’un ou à l’autre desdits futurs époux, les deniers en provenance, seront employés en autres héritages ou rentes pour sortir pareille nature de propres à celui du côté duquel ledit héritage vendu ou rente rachetée aura procédé ; et si au jour de la dissolution de ladite communauté lesdits remployés ne se trouvent faits, lesdits deniers seront repris sur les effets de ladite communauté et s’ils ne suffisent, ce  qui s’en défaudra, à l’égard seulement de la future épouse sera repris sur les biens propres dudit futur époux, et sera l’action dudit remploi réputée de nature immobilière.

« Arrivant la dissolution de ladite communauté, la future épouse et les enfants qui naitront du mariage pourront renoncer à icelle communauté ; ce faisant ils reprendront la dot de ladite damoiselle future épouse et tout ce qui lui sera issu et avenu par succession, donation ou autrement, même si c’est elle sur douaire ou préciput tel que décrit le tout étant franc et quitte de toutes dettes et hypothèques de ladite communauté, encore qu’elle fût obligée ou condamnée, dont ils seront acquittés ou indemnisés par les héritages ou sur les biens dudit futur époux.

« Car ainsi promettant etc., obligeant etc., renonçant etc., fait et passé au château de Fontainebleau, l’an mil six cents quatre-vingt-seize, le huitième jour d’octobre ; Sa Majesté a signé, ensemble les Princes et Princesses ci-dessus nommés, avec les ? et autres ./. »

Signatures du roi Louis XIV, du Grand Dauphin son fils, de Louise Bénédicte de Bourbon, fille du prince de Condé, et de son époux Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, employeur du futur époux,  de Françoise d’Aubigné, parente d’Anne Marie Françoise de Sainte Hermine, épouse de Louis de Mailly, seigneur de Rubempré, menin du Grand Dauphin, maître de camp général des dragons de France, de Françoise d’Aubigné, marquise de Maintenon, épouse du Roi, d’Henri de Mornay, marquis de Montchevreuil (ces 2 derniers seront témoins de la mariée).

 

Parmi les signatures, celles de Bonne de Mornay et de son époux le comte de Manneville, de Gabriel Claude d’O, marquis de Franconville, menin du Dauphin et premier gentilhomme de la chambre du comte de Toulouse, de Nicolas de Malezieux, précepteur du duc de Maine et plus tard parrain d’une fille des futurs époux, de Jacques Salomon de Poulard et Jeanne Françoise de Biaudos de Castéja,

Le document se termine avec les signatures et paraphes des 2 notaires.



[1] Louis de France (1661-1711), dit Monseigneur ou le Grand Dauphin après sa mort, fils aîné de Louis XIV. Il épousa en 1680 Marie de Bavière qui mourut en 1690. Il épousa secrètement en 1695 sa maîtresse Marie-Emilie de Joly de Choin dont il n’eut pas d’enfants. ″Fils de roi et père de roi, il ne fut jamais roi″.

[2] Louis Auguste de Bourbon (1670-1736), duc du Maine, duc d’Aumale, prince souverain des Dombes, comte d’Eu, fils de Louis XIV et de la marquise de Montespan, légitimé en 1673, gouverneur du Languedoc à 17 ans, général des galères et lieutenant général à 18 ans, marié en 1692 à Mademoiselle de Charolais, fille du prince de Condé. Le futur marié était commandant de ses chasses.

[3] Dernier enfant de Louis XIV et de la marquise de Montespan, le comte de Toulouse (1678-1737), légitimé en 1681, est amiral de France à 5 ans et prend le commandement de l’armée navale en 1704. Il a été élevé par le marquis d’O  également présent à la signature du contrat.

 

[4] Henri de Mornay, marquis de Montchevreuil, seigneur de Vaudampierre, chevalier des Ordres du Roi (1688), gouverneur des château et forêt de Saint-Germain-en-Laye (1685) et capitaine des chasses, était fils de Charles, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi et de Madeleine de Lancy. Il mourut le 2 juin 1706, âgé de 84 ans, étant gouverneur du duc de Maine.

[5] Françoise Charlotte Aimable d’Aubigné (1684-1739), qui épousera deux ans plus tard, à 14 ans, le duc de Noailles. C’est elle qui est représentée avec sa tante Madame de Maintenon, sur le tableau peint en 1688 par Louis Elle Ferdinand.