Françoise-Mélanie de Salomon de Poulard de La Lande
Marquise de Gouy d’Arsy
1699 – 1726
Françoise-Mélanie
et ses armoiries (Biaudos de Castéja et Salomon sur le tout)
-collection particulière-
Des lettres du marquis de
Gouy à Monsieur Salomon de La Reulle,
nous indiquent qu’il y avait à Poulard (Clairac, Lot-et-Garonne) deux portraits
de Françoise-Mélanie : « Je vous
prie de garder pour l’amour de moi un portrait de feu Mme d’Arsy qui
était à la maison. » (31
janvier 1727) et : « Je
vous prie de dire à Mr du Vaqué que j’ai reçu sa lettre du 8 février
et que je serai très aise de lui donner le second portrait de feu Mme
la marquise d’Arsy ; je serais bien fâché qu’un portrait d’elle fut vendu.
» (20 mars 1727). Le portrait
ci-dessus est celui qui avait été donné à Jean-Pierre de Salomon du Vaqué.
On notera sur le blason
que les étoiles en chef ne figurent pas sur les armes Salomon.
Françoise-Mélanie est née à Versailles le 10 août 1699 en
l’hôtel du Maine où ses parents étaient logés par le duc de ce nom, fils
légitimé de Louis XIV et de madame de Montespan. Ses parents sont
« Jacques de Salomon de Poulard, écuyer, seigneur de Poulard, gentilhomme
de Son Altesse Sérénissime le duc du Maine, et Jeanne-Françoise de Biaudos de
Castéja, son épouse », dont la qualité de femme de chambre de la duchesse
de Bourgogne n’est pas mentionnée sur l’acte de baptême du 12 août.
Registre des baptêmes de
Versailles, paroisse Saint-Nicolas
(1699, vues 37 & 38/97)
Son parrain est Nicolas de Malézieu (ou Malezieux), déjà
témoin au mariage de ses parents, ancien précepteur du duc du Maine, et
maintenant secrétaire de ses commandements, chancelier de la principauté de
Dombes, secrétaire général des Suisses et Grisons, membre de l’Académie des
Sciences (et de l’Académie Française en 1701). Madame de Maintenon ayant
convaincu le Roi de confier à son protégé l’enseignement des mathématiques au
duc de Bourgogne, Nicolas de Malezieu s’était attelé à cette tâche depuis 3 ans
déjà. Son épouse, Françoise Faudel, gouvernante des enfants du duc de Maine,
est la marraine. Tous deux sont des familiers de la cour de Sceaux.
Nicolas de Malezieu (1650-1727)
estampe d’Edelinck d’après François de Troy
Rijksmuseum d’Amsterdam et Musée du Domaine départemental de
Sceaux
Françoise-Mélanie a un frère, Louis-François, né le 10 avril
1698 à Versailles, dont les parrain et marraine sont le duc du Maine et Madame de
Maintenon. Il mourra le 6 septembre 1699, quelques mois après la naissance de
sa sœur.
Celle-ci n’a pour ainsi dire pas connu son père. Commandant
les chasses du duc de Maine, il fait une mauvaise chute de cheval et meurt
après des mois de souffrance, le 24 juin 1703 chez lui, en l’hôtel du Maine,
laissant Françoise-Mélanie âgée de quatre ans et une autre fille,
Françoise-Séraphie (3 ans) qui mourra le 28 septembre 1705, à l’âge de cinq
ans. Il
est inhumé à Notre-Dame en présence de René Le
Gantier de La Vallée-Rané, aumônier du duc du Maine et parrain de Françoise
Séraphie, et du comte de Caraman, officier des Gardes du duc. Jeanne-Françoise
est élue tutrice de ses enfants.
On ne sait rien de l’enfance de Françoise-Mélanie. L’a-t-elle
passée à la cour avec sa mère devenue sous-gouvernante des Enfants de France en
1704 ? Côtoyait-elle lesdits Enfants de France ? Sa mère
engagea-t-elle des maîtres pour son éducation à domicile, chose encore rare
pour les filles, ou la plaça-t-elle dans un de ces couvents versaillais (ou
parisien) où on apprenait encore à cette époque à faire des filles de bonne
famille de bonnes épouses et de bonnes mères (elle n’était pas à Maison
Royale de Saint-Louis à Saint-Cyr car on ne la trouve pas dans la liste des
élèves de cet établissement) ?
Sa
grand-mère paternelle, Marie de Martin, fait son testament « dans le
château de Poulard » le 14 octobre 1709, instituant Françoise-Mélanie son
héritière particulière, et lui léguant la somme de deux mille livres ″payables
quand elle se mariera ou qu’elle aura l’âge de vingt-cinq ans″.
En 1710
sa mère commande à Jacques Hellart, fils du peintre rémois Jean Hellart, son
portrait avec sa fille. Cette huile sur toile, aujourd’hui au château de
Versailles, mesure 130x97,5 cm et est la seule œuvre aujourd’hui conservée du
peintre, qui avait déjà exécuté un portrait du duc de Bourgogne, connue par
l’estampe qui en été gravée, et des copies de portraits pour Mme de Ventadour, connues par les
inventaires.
Françoise-Mélanie à
11 ans
-détail du tableau
de Hellart (1710)-
A seize ans, le 6 avril 1715, Françoise-Mélanie, qui se fait
nommer de Salomon de La Lande épouse Michel-Jean de Gouy,
marquis d’Arsy, seigneur de Troussencourt. Déjà, à la date du 6 mars, sans
doute à l’occasion des bans, le marquis Dangeau écrivait :
« Mademoiselle
de La Lande, fille d’une des deux sous-gouvernantes de monseigneur le Dauphin,
se marie au marquis d’Arcy, et en faveur du mariage le roi donne à la
demoiselle 50 000 francs sur la maison de ville valant 2 000 livres de rente,
et il donne un brevet de mestre de camp à celui qui l’épouse. »
Dangeau parle encore du mariage de mademoiselle de La Lande dans
les entrées des dates du 31 mars et du 5 avril disant :
« Qu’il
s’était trouvé quelques difficultés au mariage de mademoiselle de la Lande sur
le bien du mari qu’on ne croyait pas assez assuré, mais les difficultés sont
finies et le bien est sûr ; ainsi la noce se fera cette semaine chez madame de
Ventadour » (31 mars 1715)
puis que : « Mademoiselle de la Lande fut fiancée dans la chapelle à
six heures du soir ; monseigneur le Dauphin y voulut être. Elle fut mariée
après minuit, et la noce se fait chez madame de Ventadour (5 avril 1715). »
Acte de mariage de Françoise-Mélanie de La Lande et Michel-Jean
de Gouy d’Arsy
« L'an
mil sept cent quinze, le sixième jour du mois de mars [sic], un ban publié en
cette église et dans celle d'Arsy, diocèse de Beauvais, sans opposition, S.E
Mgr le cardinal de Noailles, archevêque de Paris, ayant accordé dispense de
deux bans et du temps de caresme, en date du deuxième du présent mois,
Monseigneur l'évêque de Beauvais pareille dispense en date du premier jour du
dit mois, les fiançailles célébrées la veille, ont été mariés et reçu la
bénédiction nuptiale de nous soussigné père supérieur de la maison de la
congrégation de mission et curé de Versailles, haut et puissant seigneur
messire Michel Jean de Gouy, chevalier, marquis d'Arsy, seigneur de
Troussencourt et autres lieux, maréchal de camp de cavalerie, fils de haut et
puissant seigneur messire François de Gouy, comte d'Arsy, seigneur de Francastel,
Manicourt et autres lieux et de haute et puissante dame Elisabeth Doranges
Desroches son épouse, de la paroisse d'Arsy et demoiselle Françoise Mélanie de
Salomon de
La Lande, fille de deffunt Jacques Salomon, chevalier, seigneur de Poulard de la
Lande, gentilhomme de S.A Sérénissime Monseigneur le duc du Maine et
de dame Françoise de Biaudos de Castéja son épouse sous gouvernante des enfants
de France de cette paroisse d'autre part assistés du sus dit seigneur d'Arsy,
père de l'époux, de la dite dame mère de l'épouse, de madame Elisabeth Doranges
des Roches, madame la duchesse de la Ferté, monseigneur le duc de Hostun de
Talard, de monseigneur le prince d'Espinay, de Monseigneur Depleneuf qui ont
tous signés avec nous. »
Sur cet acte on retrouve
les signatures des parents du marié, de la mère de la mariée (son père étant
décédé), et des témoins, tous des proches de Mme de Ventadour : la
duchesse de La Ferté, Marie Joseph duc d’Hostun, le prince d’Espinoy et
Berthelot de Pléneuf. La première est Marie Gabrielle de La Mothe-Houdancourt,
fille du maréchal de France, duc de Cardone et pair de France, vice-roi et
lieutenant général des armées du roi en Catalogne, sœur de la duchesse de
Ventadour. Elle était veuve d’Henri François de Saint-Nectaire,
dernier duc de la Ferté Senneterre de sa branche, pair de France, lieutenant général,
qu’elle avait épousé le 18 mars 1675. Le deuxième est Marie Joseph d’Hostun,
comte de Tallard puis duc d’Hostun (dit
parfois duc de Tallart) et pair de France (1684-1755), qui héritera des biens
et des titres de son père le maréchal de Tallard, duc pair et futur membre du conseil de régence (1717) et
ministre d’État (1726). Son épouse, Marie-Isabelle de Rohan est une petite
fille de la duchesse de Ventadour. Son fils, Louis-Charles, épousera Victoire de Prie, fille de Louis de Prie, époux en secondes noces d’Anne de Biaudos de Castéja. Le
troisième est Louis de Melun, 8e prince d’Epinoy, duc de Joyeuse,
comte de Saint-Pol, vicomte de Gand, prince du Saint Empire, pair de France
depuis 1714, époux en 1716 d’Armande de La Tour d’Auvergne. Il trouvera la mort
en 1724 à Chantilly lors d’une partie de chasse au cours de laquelle un cerf
lui asséna un coup de bois dans le ventre. Marie-Anne de Condé, dite
mademoiselle de Clermont, qu’il avait épousé secrètement après son veuvage, ne
put se consoler de la mort prématurée de son cher duc. La sœur de Louis de
Melun épousa un petit-fils de Madame de Ventadour. Le dernier est Jean-Etienne Berthelot de Pléneuf
(1663-1727) qui succéda à son père comme fermier général des poudres et
salpêtres. Financier riche mais sans scrupules, il est le père de la première
marquise de Prie, maîtresse du duc de Condé et pour un temps la femme la plus
puissante de la cour ; le marquis de Prie, son époux, était ambassadeur auprès de la cour de Savoie et
cousin de madame de Ventadour ; il se remaria en 1744 avec Marie-Anne de Biaudos de
Castéja, cousine germaine de Jeanne-Françoise
Le Mercure
Galant du mois de mai rapporte que :
« Messire Michel de Goüy, seigneur d’Arcy, Mestre de
camp d’un régiment de cavalerie, a épousé le 15 avril Demoiselle Françoise-Mélanie
de Salomon de la Lande, fille de [Jacques] de Salomon de la Lande et de Dame de
Biodos de Casteja, Sous-Gouvernante des enfans de France ; le nom de Goüy
est connu en Picardie depuis l’an 1480 que Loüis de Goüy, que les mémoires domestiques
font sortir des anciens seigneurs de Goüy en Artois, passa au service du Roy
Loüis XI, après la mort de Charles, dernier Duc de Bourgogne. »
Armoiries de Françoises-Mélanie,
marquise d’Arsy
Madame de Ventadour ne fut certainement pas étrangère à ce
mariage. Elle se trouvait voisine des Gouy depuis l’achèvement en 1655 du
château du Fayel construit pour son père à quatre kilomètres d’Arsy. On peut
imaginer que la jeune demoiselle
d’Houdancourt, fille du maréchal de La Mothe-Houdancourt, duc de Cardone et
du Fayel, partageait ses jeux d’enfants avec le fils du seigneur d’Arsy,
marquis de Cartigny et vicomte de Cessières, son proche voisin. Les deux
familles devaient être suffisamment liées pour que quand Madame de La Lande eut
sa fille à marier, Madame de Ventadour lui proposa le jeune marquis
d’Arsy.
A l’occasion de cette union, Jeanne-Françoise donne à sa
fille son douaire de 750 livres de rente et une rente de 2 000 livres au
principal de 50 000 livres.
Ce mariage mettant fin à la gestion des
biens de sa fille par Jeanne-Françoise, elle demande à ses belles-sœurs de
Salomon un état et compte de leur gestion de Poulard et Quittimont depuis la
mort de Jacques. Ce document, fait et
arrêté dans le château noble de Poulard le 17 juin, signé de Catherine
et Marguerite de Salomon, se conclut ainsi :
« Par la clôture du compte que mesdemoiselles de Poulard
ont rendu au sieur Michel, procureur de madame de La Lande, le 12 février 1705,
il est dû à madame de Salomon la
douairière [Marie de Martin] la somme de 950# et à
mesdemoiselles Catherine et Marguerite de Salomon de
Poulard celle de 2 848# et par le 15e article de la
dépense du compte que le sieur du Puy a rendu pour le feu sieur Michel le
6 juillet 1708, il se trouve que mes dites damoiselles ont reçu la somme
de 1 922# sur la dite somme et ainsi il ne leur est due que
celle de 925# et ayant calculé les intérêts qui leur sont dus à
chacune de la somme de 3 000# et de 3 000# due
à madame la douairière comme héritière de mademoiselle Henrie de Salomon, sa fille, qui fait 9 000#
depuis le 24 février 1705 jusqu’au 24 février 1715, qui est dix années
entières, ce qui monte pour chacune année la somme de 450# et pour
les dix années celle de 4 500# à laquelle ayant joint celle de
925# revient à celle de 5 425# sur laquelle mes
dames dame et damoiselles de Poulard ont reçu ? la somme de 3 175#
et ainsi il ne leur reste du des dits intérêts que la somme de 2 250#
au jour du 24 février 1715, sans comprendre la somme de 950# due à
madame la douairière par la clôture du compte que mes damoiselles de Poulard
ont rendu au feu sieur Michel à jour 12 février 1705 de laquelle somme de 2250#
d’intérêts elles se paieront à hauteur aussi bien des intérêts coutants sur les
fermiers et autres débiteurs, et madame dame la douairière se paiera aussi de
la dite somme de 950# ainsi qu’elle … les deux sommes jointes
ensemble à celle de 3 200#.
Et ayant calculé la dite dépense depuis le
mois de décembre 1706 jusqu’au dit jour vingtième mai dernier avons donné
icelle monter et réunir à la somme de 19 740# sans en
comprendre la ? de la somme de 3 200# due à mes dame et
damoiselles de Poulard et icelle comparée avec la somme de 19 612#
de toutes les dites années des comptes, il se trouve que la recette ? à la
dépense la somme de 128# de laquelle madame dame de La Lande se
trouve relicataire envers mes damoiselles de Poulard. »
Peu après, par un brevet
donné un mois avant sa mort, le Roi fait un dernier cadeau à Jeanne-Françoise
et à sa fille en leur faisant don d’un logement de six pièces au palais du
Luxembourg :
« Aujourd’hui 10e juillet 1715
le Roi étant à Marly,
Désirant traiter
favorablement la Dame de La Lande, sous gouvernante des Enfants de France, et
la marquise d’Arcy [sic] sa fille, Sa Majesté leur a accordé et fait don d’un
logement au Palais du Luxembourg, dans le pavillon à gauche, au deuxième étage,
dont les pièces sont inventoriées 360, 361, 362, 363, 364 et 365 sur le plan
général du dit palais pour, par les dites Dames de La Lande et d’Arcy, jouir du
dit logement, ainsi qu’en jouissent ceux à qui de semblables logements ont été
accordés, mande et ordonne Sa Majesté au duc d’Antin, directeur général de ses bâtiments, arts et manufactures de
France, de les mettre en possession du dit logement et de les en faire
jouir en vertu du présent brevet que Sa Majesté a pour assurance de
sa volonté signé de Sa main et fait contresigner par moi, conseiller
secrétaire d’état et de ses commandements et finances. »
« Le Palais d’Orléans
appelé Luxembourg », à l’époque de Françoise-Mélanie
Le 18 février 1717,
soit trois jours après le septième anniversaire du Roi., Françoise-Mélanie
met au monde un fils, Louis, baptisé le 27
février en la chapelle des Tuileries (ou dans la petite chapelle de
l’appartement du Roi, selon la marquise de Balleroy), car à
l’occasion de cette naissance, le jeune Louis XV continue de manifester son
attachement à Mme de La Lande et à sa fille, comme nous l’indique Dangeau :
« Le roi et madame la
duchesse de Berry tinrent sur les fonts la fille de madame de Mouchy, et
ensuite S. M. et madame la duchesse du Maine tinrent sur les fonts
le fils de madame d’Arcy. Madame d’Arcy est fille de madame de la Lande,
sous-gouvernante du roi. S. M. donna des belles boucles d’oreilles à madame
Mouchy et envoya une belle bague à madame d’Arcy ».
Cette bague était, comme nous le précisera le
testament de Louis fait à Paris le 6 mai 1787, « un diamant blanc du poids de vingt-trois grains qui a été donné par Sa
Majesté à ma mère pour mon baptême ». Le Roi donna également une bague
à Madame de La Lande si l’on en croit son testament dans lequel elle parle de la bague qui m’a été donnée par le Roi lors
du baptême de mon petit-fils, que je lui ai donnée, et dont il pourra disposer
ainsi que bon lui semble.
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Le roi Louis XV et la duchesse du Maine, parrain
et marraine de Louis de Gouy
« Le roi fit
l'honneur à M. le marquis d'Arsy, un de ses quatre gentilshommes de la manche,
de tenir son fils avec madame la duchesse du Maine. »
A
l’occasion de cette naissance, François de Gouy, comte d’Arsy, fait don au
marquis, son fils, le 18 mai 1717, des terres et seigneuries d’Avrigny, du
Donjon, de Dampmarest et d’Anduelle, situées près de Clermont-en-Beauvaisis
dans l’Oise, qui lui avaient été adjugées pour 115 600 livres le
6 mai, après saisie sur le vicomte de Gouy d’Arsy, son frère. Michel-Jean et
Françoise-Mélanie possèdent maintenant un château, celui d’Avrigny, qui leur
sert dorénavant de résidence quand ils ne sont pas à Paris.
En 1719
Françoise-Mélanie, alors enceinte de huit mois, se trouve à l’article de la
mort. Atteinte du même mal dont était morte, 2 ans plus
tôt, la duchesse de Melun, pour avoir refusé les saignées nécessaires, on la
croit perdue. Elle est heureusement sauvée mais met au monde un enfant mort.
Cet évènement malheureux s’est vraisemblablement passé à Paris, rue
Sainte-Anne, paroisse Saint-Roch, où les Gouy d’Arsy possédaient un bien comme
le montrent des actes de l’année 1717. Son accoucheur, le docteur Bichet, en
fait le récit détaillé, dans lequel nous réalisons, une fois encore, combien le
Roi était proche de cette famille :
« Madame la marquise d’Arsy, étant grosse de huit mois, fut
attaquée de la même maladie qu’avait eu Madame la duchesse de Melun,
avec des convulsions ; j’avais eu l’honneur de la voir la veille pour la faire
saigner, comme étant son accoucheur ; cette dame me dit qu’elle se ferait
saigner dans trois jours et que cela ne pressait pas, ayant été saignée dans le
commencement de sa grossesse ; Madame de La Lande, sa mère, qui se trouva dans
son appartement lorsqu’elle perdit la vue et un moment après la connaissance
avec des convulsions, cette bonne mère crut que sa fille était morte ; on me
vint avertir aussi bien que M. Benomont [Pierre Benomont, chirurgien du duc de
Berry et doyen de l’Académie Royale de Chirurgie de Paris] son chirurgien, qui
la saigna en ma présence. Madame la marquise ouvrit les yeux et parla ; je lui
demandai où elle sentait son mal, elle me dit qu’elle avait un grand mal
de tête qui l’empêchait de voir, elle demanda à boire de l’eau au lieu de
bouillon ; une heure après elle retomba dans le même accident ; je jugeai avec
M. Benomont, de tirer encore un peu de sang du bras, mais malgré cela, Madame
la marquise d’Arsy resta dans ce triste état ; je lui fis donner un lavement vers
les deux heures après midi, et après je l’examinai pour savoir s’il n’y avait
pas quelque disposition à l’orifice de la matrice pour l’accoucher, je trouvai
cette partie dans l’état naturel où elle devait être, sans dilatation, malgré
les violentes convulsions que Madame la marquise d’Arsy avait assez fréquentes
; sa maladie fut bientôt sue à la Cour, comme étant à Paris, où elle avait
été élevée, Madame de La Lande, sa mère, était Sous-Gouvernante du Roi.
Sur les trois heures après midi, Madame le duchesse de Ventadour,
la duchesse de la Ferté, la princesse de Rohan et la duchesse de Tallard
vinrent la voir, pour consoler Madame de La Lande ; ces dames me demandèrent
pour me parler ; j’eus l’honneur de leur dire le triste état où était Madame
d’Arsy ; sur cela ces dames dirent que c’était la même maladie dont Madame la
duchesse de Melun était morte, et qu’il fallait l’accoucher de force ; je
répondis qu’il n’était possible à moins que de la tuer, elle et son enfant,
parce qu’il n’y avait aucune disposition aux parties de la matrice pour
l’accoucher.
Sur ces entrefaites, le Roi qui était au château des Tuileries,
ayant été informé, aussi bien que M. le Maréchal de Villeroy, son gouverneur,
du fâcheux état où était Madame d’Arsy, envoya d’abord Messieurs les médecins
de la Faculté de la Cour, comme M. Poirié, premier médecin de Sa Majesté, M.
Boudin, ordinaire et M. Dodart, auprès d’elle pour tâcher de la secourir ;
étant arrivé dans son appartement, après qu’ils l’eurent vue et touché son
pouls, ils furent tous quatre résolus dans leur consultation, qu’il fallait
tâcher de l’accoucher ; M. Boudin, médecin ordinaire du Roi, en porta la parole
; je fus encore examiner s’il y avait quelque disposition de dilatation à la
matrice, comptant que les convulsions qu’elle avait eu, auraient pu la dilater
pour me faciliter une entrée dans la matrice pour l’accoucher ; mais je
trouvai ces parties dans le même état que la première fois que je l’avais
touchée, c’est à dire, l’orifice de la matrice à l’état naturel qu’une femme a
quand elle est grosse de huit mois, où le col est fort court, un peu mollet et
l’orifice bien fermé ; je fus rendre compte en présence de Mesdames les
duchesses, à Messieurs de la Faculté du Roi ; je leur représentai qu’il était
impossible dans le temps présent d’accoucher Madame la marquise d’Arsy, par les
grandes difficultés que j’y trouvais et s’il y avait quelqu’un de mes confrères
qui voulut l’entreprendre, qu’il n’en viendrait jamais à bout, à moins de
blesser ou de crever la matrice, ou ils auraient le désagrément de voir
périr la mère avant que d’avoir l’enfant au monde, et que le mal et l’état où
était la malade, ne provenaient que de ce que le sang était en trop grande
quantité dans ses vaisseaux de la têt, ce qui causait un engorgement à ceux de
la dure-mère et de la pimère. La preuve en était certaine, étant tombée en
apoplexie léthargique, et les convulsions occasionnées par la pesanteur et la
compression que les vaisseaux engorgés causaient au genre nerveux, et
qu’ainsi il n’y avait que des saignées du pied à faire, tout son mal étant à la
tête, et non pas à la matrice, n’y ayant aucune disposition à cette partie pour
l’accoucher ; M. Boudin, un des quatre médecins, me répondit en présence des
Dames et de M. le premier médecin et les autres docteurs, qu’on avait fait deux
grandes saignées à la malade et que cela n’avait point diminué son malheureux
état, et si Madame d’Arsy venait à mourir, qu’on m’en imputerait la faute avec
raison ; je ne laissai pas d’être toujours ferme dans mon opinion de ne vouloir
pas l’accoucher.
Madame la duchesse de Ventadour qui m’a toujours honoré de sa
confiance, aussi bien que les autres duchesses, avec toute la compagnie qui
était présente, ne laissèrent pas de me plaindre, si cette dame venait à
mourir, comme toute la Faculté le comptait ; je passai en quittant la compagnie
dans l’appartement de Madame la malade, je trouvai que son pouls était moins
convulsif, et les dames qui étaient auprès d’elle me dirent qu’il y avait
environ une demi-heure qu’elle n’avait pas eu de convulsion ; je fus dans
l’appartement où étaient les Dames et Messieurs de la Faculté, pour leur dire
que je trouvai mieux la malade, ce que les deux saignées lui avaient procuré
selon toutes les apparences ; ces Messieurs furent la voir et convinrent du
fait, après lui avoir tâté le pouls, ce qui détermina M. Poirié, pour
lors premier médecin, à dire à M. Boudin, qu’il fallait la saigner du pied ou
de la gorge ; la saignée du pied fut faite en leur présence sur les six heures
du soir ; Messieurs de la Faculté furent après trouver les Dames pour leur dire
qu’il ne fallait pas tout à fait perdre espérance quoiqu’il y eut plus à
craindre qu’à espérer, Madame la marquise étant toujours dans sa léthargie ;
Mesdames des duchesses et la Faculté de la Cour se retirèrent sur les huit
heures du soir, où la malade n’avait eu aucune convulsion mais elle avait une
espèce de ton plaintif ; l’on voulut dans ce temps-là essayer de lui faire
prendre un peu de bouillon en lui desserrant les dents, mais elle n’en pût
prendre, comme étant sans raison, qu’environ trois cuillerées ; sur les neuf
heures du soir, Mgr le Maréchal de Villeroy envoya de la part du Roi, à Madame
de La Lande, pour savoir l’état où était Madame sa fille ; Madame de La Lande
et M. le marquis d’Arsy répondirent aux honneurs que le Roi leur faisait ; mais
l’officier du Roi avait ordre de me parler, pour qu’il pût rendre compte à Sa
Majesté de l’état où était Madame d’Arsy ; j’eus l’honneur de lui dire que je
trouvais Madame d’Arsy un peu mieux, d’autant plus qu’elle avait pris de la
nourriture, et que les convulsions l’avaient quittée.
Goutard, son médecin ordinaire, resta avec moi chez la malade ;
sur les cinq heures du matin, le lendemain, nous la crûmes morte, par une des
fortes convulsions qu’elle eût, qui dura près d’un demi quart d’heure, pendant
lequel temps l’on fit chauffer de l’eau et on la saigna sur la fin de la
convulsion ; M. Benomon, pendant la saignée dit qu’elle était fort ample, et M.
Goutard dit de fermer la veine ; comme il essuyait son pied pour y mettre
la bande, Madame d’Arsy fit un cri en quittant le chevet de son lit, en
nous disant qu’est-ce que nous faisions dans sa chambre, pourquoi j’y entrais
avant le jour, et qu’elle voulait encore dormir, qu’elle ne le pouvait pas
parce qu’elle se sentait la tête très légère et qu’elle avait grande soif ;
après qu’elle eût bû de l’eau à sa soif, elle nous dit de sortir de sa
chambre parce qu’elle voulait se lever ; je fus avertir Madame sa mère de
l’état où était Madame sa fille ; cette bonne mère en remercia Dieu et
courût l’embrasser à son ordinaire. M. Peras vint sur les sept heures du matin
de Livry, pour parler à Madame de La Lande, et lui offrir ses services, pour
accoucher Madame sa fille ; Madame sa mère remplie de politesse et de joie, le
remercia, après lui avoir compté en partie comme tout s’était passé dans le
triste état où avait été sa fille. Feu Monseigneur le Maréchal de Villeroy
m’envoya chercher sur le midi, pour que je rende compte au Roi de l’état où
Madame d’Arsy était, et s’il n’y avait plus de danger ; j’eu l’honneur de lui
répondre, en présence de Madame la duchesse de Ventadour et de M. Poirié,
premier médecin, que je ne craignais plus pour elle, mais que quand elle
accoucherait, je croyais que son enfant serait mort, à cause des convulsions
fréquentes que la mère avait eues. Feu Monseigneur le Maréchal de Villeroy et
Madame la duchesse de Ventadour me firent accorder une gratification.
Madame la marquise d’Arsy, au bout de huit jours, étant bien
rétablie, fut remercier le Roi de ses bontés et elle accoucha trois semaines
après, d’un enfant mort ; ses couches se passèrent bien, et elle s’est bien
portée depuis, l’ayant accouchée deux années après d’un garçon. »
Notice du docteur Jacques Bellocq, de Biaudos dans les Landes, gynécologue obstétricien.
La toxémie gravidique est une
maladie tardive (7-8 mois de grossesse), souvent sans antécédents pathologiques
connus (hypertension, néphropathies).
Elle présente une triade
symptomatologique plus ou moins importante : protéinurie, oedèmes,
hypertension artérielle, qui peut aboutir à l’éclampsie avec convulsions et
coma dans les cas les plus graves.
La guérison ne peut survenir
qu’après l’évacuation du fœtus par accouchement ou césarienne, ou par la mort
fœtale in utero. Dans le cas de Françoise-Mélanie, la mort in utero,
probablement survenue lors de la dernière convulsion décrite, explique
l’amélioration immédiate, la guérison, et l’accouchement après trois semaines
d’un fœtus mort.
Il s’agissait certainement
d’une maladie gravidique pure (sans autre pathologie) survenue chez une seconde
pare, dont la première et troisième grossesse s’est déroulée sans problème.
Cette maladie survient le plus souvent chez les primipares.
Ce
témoignage nous apprend que Françoise-Mélanie eut un autre fils, né en 1721.
Nous ne trouvons nulle trace de ce fils, ce qui laisse présager un décès en bas
âge.
Craignant sans doute
d’être exposée à perdre ses biens apportés en dot si elle les laissait plus
longtemps en commun, Françoise-Mélanie entreprend auprès de la Chambre du
Conseil du Châtelet de Paris au mois d’avril 1725, soit 10 ans après son
mariage, une action en séparation de biens d’avec son mari.
A cette époque, une des deux seules conditions
qui, d’après la Coutume de Paris, permettaient aux femmes de se rendre
indépendantes de leurs maris était la séparation de biens (l’autre étant le
statut de marchande publique).
La séparation de biens comporte la
dissolution de la communauté conjugale ainsi que l’extinction des gains
nuptiaux. La séparation, pour être valable, doit porter un inventaire des biens
des conjoints. La femme séparée est libre de gérer son patrimoine qui reste
cependant propriété de son mari.
La femme qui veut se séparer doit se
faire autoriser en justice et, à Paris, les séparations -généralement dues au
mauvais état des affaires du mari, faisant craindre à la femme d’être exposée à
perdre les biens apportés en dot en les laissant plus longtemps en commun-
relèvent de la Chambre du Conseil du
Châtelet. La première démarche consiste à faire enregistrer, chez le greffier
du Châtelet, sa demande en séparation et sa renonciation à la communauté. Une
fois notifiés ces actes au mari, le lieutenant
civil convoque les parties pour une sentence
d’appointement en vue de trouver un accord ; dans l’impossibilité de
trouver un accord une enquête est menée par un commissaire ; cette enquête donne lieu à deux minutes :
la déposition et le procès-verbal. Si les résultats de
l’enquête ne laissent aucun doute sur le ″dérangement financier″ du
mari, la séparation est accordée.
Les actes de séparation se composent de
deux minutes : le prononcé et la
sentence.
Le prononcé
porte en marge un numéro de série suivi des initiales du greffier. La date
du haut à gauche indique la date de la sentence et la mention ″registré″
renvoie au répertoire du greffier où les sentences sont enregistrées. Sur la
gauche les noms des procureurs (ici Fouquet et Pol) précèdent ceux des parties
en jugement : en première ligne la demanderesse (Françoise-Mélanie) et en
deuxième ligne le défenseur (Michel-Jean). Le prononcé commence toujours par ″Vu le procès mû et pendant en jugement
devant nous au Châtelet de Paris″ …
La sentence
commence toujours par l’expression qui serait en l’occurrence : ″Entre nous [demanderesse} autorisée par
justice à la poursuite de ses droits de demanderesse de séparation de biens aux
fins de sa requête du [date] d’une part et [défenseur], d’autre part ″.
Elle contient les mêmes informations que le prononcé et est signée par le
lieutenant civil et ses conseillers.
Procès-verbal du 24 avril
1725 (A.N. Y 10840)
Ce procès-verbal
indique que le marquis de Gouy d’Arsy ne s’est pas rendu à la convocation à
comparaitre à l’audition des témoins assignés par son épouse, et que les
déclarations des dits témoins, nommés, sont consignées dans un autre cahier
[l’enquête]
Enquête du 24 avril (A.N. Y
10840)
Il ressort des
témoignages des témoins que Michel-Jean avait une très grande passion pour les
bâtiments, ce qui lui avait fait construire plusieurs édifices inutiles et
superflus dissipant ainsi la plus grande partie de la dot de son épouse ;
qu’il avait vendu sa charge de capitaine lieutenant de la mestre de camp
général de Cavalerie et plusieurs de ses terres, sans qu’il (le témoin) ne
sache ce qu’il avait fait de l’argent qu’il en avait tiré ; qu’il avait
perdu considérablement au jeu et contracté beaucoup de dettes, raison pour
laquelle il est actuellement poursuivi.
Après ces diverses
étapes habituelles, le jugement est prononcé le 1er juin.
Michel-Jean doit alors restituer ses biens à son épouse, qui, pour se faire, procède
à des saisies au château d’Avrigny de biens qu’elle vendra.
Signatures des époux de Gouy sur
une procuration de juillet 1725
Les deux tantes de Françoise-Mélanie habitent toujours
Poulard. La cadette, Marguerite, étant décédée le 11 avril 1725, il fut convenu
que l’aînée, Catherine, conserverait la jouissance du château et les mêmes
revenus qu’elles avaient toutes deux jusqu’alors. Le 6 juillet,
Françoise-Mélanie fait devant notaire une procuration en faveur de son oncle
Jacques de Salomon de La Reulle qu’elle constitue pour
son procureur général et spécial pour en son nom régir, gouverner et
administrer Poulard et Quittimont.
A cette époque déjà,
le Roi ne payait pas régulièrement. Elle le rappelle dans une lettre adressée
le 12 décembre à ce procureur en précisant qu’elle ne s’est jamais trouvée si pressée d’argent, le Roi ne
payant pas régulièrement, et elle conclut ainsi :
« Maman et M. d’Arsy vous font mille compliments. Je
me flatte que vous n’aurez pas de peine à faire payer les fermiers, attendu
qu’il n’y a plus qu’eux qui aient de l’argent, du moins cela est comme cela
dans ce pays-ci et à proportion ils doivent être à leur aise. »
Deux mois après cette lettre, le 10 février 1726, Françoise-Mélanie,
marquise d’Arsy, décède de la petite vérole à 26 ans. Par sentence du Châtelet
rendue le 14, ″le dit seigneur
marquis d’Arsy et Dame de Lalande″ sont nommés tuteur et
subrogée-tutrice de Louis, âgé de 11 ans. Il est très vraisemblable que Jeanne-Françoise
participa activement à l’éducation de ses petits-enfants, d’autant plus que
leur père vit également à la Cour. L’extrait de registre mortuaire de l’église
royale et paroissiale de Saint-Germain-L’Auxerrois dit ceci :
« Du
lundi onzième février mil sept cent vingt-six, haute et puissante dame
Françoise-Mélanie de Salomon de Poulard de La
Lande, épouse de haut et puissant seigneur Messire Michel-Jean de Gouy,
chevalier, marquis d’Arsy, gentilhomme de la Manche du Roi, colonel de
cavalerie, âgée de vingt-six ans ou environ, décédée hier à huit heures et demi
du soir en son appartement au Louvre, a été inhumée en présence de messire
Louis Roger de Franssure, chevalier, seigneur de Villers, lieutenant des vaisseaux du
Roi, cousin germain de la défunte, et de messire de Meaux de Vallière, prêtre
prieur d’Happonvilliers, ami de la dite, qui ont signé. »
Le Mercure de France
février 1726, p 325
C’est
dans une lettre du 27 février que Michel-Jean de Gouy d’Arsy annonce la triste nouvelle à l’oncle
Salomon de La Reulle :
« La perte que je
viens de faire, Monsieur, est si sensible et si douloureuse que je n’ai pu
avoir l’honneur de vous en faire part plus tôt. Mme d’Arsy est morte le
10 de ce mois de la petite vérole et les
derniers devoirs que nous avons à lui rendre sont des prières pour le repos de
son âme ; je la recommande aux vôtres et vous prie de lui faire faire un
service à la paroisse de Saint-Brice et de lui faire dire beaucoup de messes.
Son fils, qui avait eu avant elle la même maladie se porte très bien, Dieu
merci, et c’est un gage pour moi d’autant plus précieux que jamais mari n’a eu
tant de tendresse et de confiance pour sa femme que j’en avais pour elle. Ma
vive douleur ne me permet pas de vous en dire davantage. Je suis très
parfaitement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Si c’est
une consolation, je vous dirai que toute la cour et tout Paris la regrettent
comme un modèle de vertu, et c’est ce qui fait ma perte d’autant plus cruelle.
Le Châtelet de Paris m’a créé tuteur de mon fils. Madame de La Lande est
inconsolable ; elle me charge de vous faire à tous bien des compliments ;
je vous prie de faire passer cette triste nouvelle à ma tante et à M. du
Vaqué. »
Verso de
lettre du marquis de Gouy d’Arsy
annonçant le décès de son épouse
Le 28
février 1726 débute l’inventaire après décès des biens appartenant à Françoise-Mélanie.
Cet inventaire, mené par Me Billeheu, notaire à Paris, se déroule
dans l’appartement du Louvre, où se trouvent principalement de riches vêtements
et des papiers, et au château d’Avrigny où lui appartiennent de nombreux lits
et literies, de riches tapisseries, des meubles, linge et ustensiles de
cuisine, quelques pièces d’argenterie, deux carrosses et des chevaux …
Signatures du marquis d’Arsy et de Madame de La
Lande
au bas de l’inventaire fait au Louvre.